Non ceci n’est pas un monstre dans une mine de Lithium.

Pour expliquer mon point de vue, il faut connaitre la définition du mot Anthropocène : Au cours des 12 000 dernières années, l’humanité s’est développée dans l’Holocène qui succédait à l’époque glaciaire du Pléistocène. Cette nouvelle époque se caractérise par l’avènement des humains comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques : l’Anthropocène, c’est l’âge des humains. Pour la première fois dans l’histoire de la Terre, ce sont ses habitants qui sont devenus les principaux moteurs des changements qui l’affectent. Si tout le monde vivait comme en Amérique du Nord, entre autres, ça prendrait 4 ou 5 planètes mais on n’en a qu’une. Allez faire le test de l’empreinte écologique. Mes élèves de 6e le font chaque année et la moyenne est de 4 puis le record est de 8 : 4 autos, deux motoneiges, une moto, deux 4 roues, une roulotte, une chaloupe, etc. Comparativement à bien des pays, nous vivons ici à peu près tous comme des millionnaires.

Maintenant, qu’elle ma vision? Le développement durable : Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Est-ce qu’on est sur la bonne route? Je ne pense pas.

Depuis quelques temps, j’ai à éduquer deux camps diamétralement opposés, ceux qui se campent dans le camp du statu quo parce que la technologie actuelle ne répond pas à leurs besoins et l’autre parce que la technologie actuelle ne répond pas à leurs visions du développement durable. Éduquer, c’est ma profession depuis plus de 30 ans et je n’ai aucun problème avec cela mais il est difficile de le faire dans un contexte de désinformation provenant autant d’un camp que de l’autre. On peut lire beaucoup de désinformation du camp de la technologie non adaptée mais il est difficile de comprendre celui qui devrait faire le même travail que moi : éduquer.

Comment se fait-il que des gens, qui semblent avoir une conscience environnementale plus développée que la moyenne, partagent des publications sans aucun fondements scientifiques ou analytiques? J’en ai aucune idée! Vous avez probablement vu la publication d’un certain Jean-Marc Meyer concernant une énorme machine labourant le sol pour y extraire du lithium. Si vous ne le saviez pas encore, sachez que cette publication regorge de faux chiffres et de fausses informations.

Débutons par l’analyse de la photo : Le Bagger 288 est utilisé dans les mines de charbon en Allemagne. Il a aussi été utilisé dans les sables bitumineux en Alberta mais abandonné parce que le sol était trop rocailleux. C’est donc impossible que cette machine soit utilisée pour les mines de lithium. Pourquoi?

Le documentaire  « À Contresens » a démontré que la production du lithium se fait principalement en Australie. On chauffe le spodumène, qui est de la roche, puis on l’arrose avec de l’acide sulfurique. Il se décompose puis produit du carbonate de lithium. L’acide sulfurique est ré-utilisé. Ils ne sont quand même pas cons à temps plein.

Le deuxième est dans les salars en Amérique Latine. Eux, produisent principalement du potassium, utilisé pour l’industrie des engrais dans les champs, le lithium est un sous-produit. Oui l’utilisation intensive de l’eau peut être problématique dans certains endroits. Est-ce que je veux une mine de lithum près de l’esker de Saint-Mathieu-Berry? Non, s’il y a un danger pour la population, mais ils devraient vendre leur eau plus chère que 150 000$ pour deux milliards de litres. Produire du potassium à grande échelle pour l’industrie agroalimentaire, qui est devenue dans certains cas aussi grosse que les pétrolières, n’est pas problématique mais récolter au passage le lithium l’est? En passant, combien de litres d’eau sont pollués dans les sables bitumineux pour produire un litre de pétrole lourd? 10! Nous en sommes même rendus à utiliser le pétrole provenant des sources non conventionnelles, parce que les premières sources sont quasiment à sec en passant.

M. Meyer n’en parle pas mais on va mettre une chose au clair, le même documentaire a prouvé que la production de Cobalt au Congo est faite à 90% par des industries et non par des petits enfants qui creusent dans le sol. Donc la photo Face de book, du petit garçon pleurant parce qu’il doit aller dans un minuscule trou pour soutenir la production de milliers de tonne de lithium, elle est fausse aussi. Personne ne s’est questionné comment de simples paysans sans machineries pourraient soutenir une telle demande? LOL! Dans le 10% restant, 5% est fait dans des coopératives et le 5% restant provient des gens qui creusent le sol entourant leurs habitations. Ici au Lac St-jean nous avons des bleuets, eux ont du Cobalt. Comment peut-on les empêcher de vouloir survivre alors qu’ils ont une ressource sur leurs propres terrains? En exigeant leur éducation et des emplois qui les sortira de la pauvreté. De toute façon, le Cobalt sera de moins en moins utilisé justement pour cette raison : Les entreprises deviennent de plus en plus  conscientes des enjeux politiques.

Maintenant, les batteries de toutes sortes représentent 71% du lithium. On peut recycler les batteries des téléphones ou autre objet technologique mais à quel % peut-on recycler les batteries des autos? 95% en ce moment même. Continuera-t-on de créer des batteries à rythme effréné alors qu’on peut en faire de nouvelles avec des métaux déjà tout prêt? De plus, les nouvelles technologies emploient de moins en moins de matériaux. Combien de temps durera une pile au lithium avant d’être recyclé? Au moins 40 ans, si on compte sa deuxième utilisation comme réserve pour une habitation. Je vais être bien content d’acheter la vôtre pour la placer comme source d’énergie dans un chalet sans réseau électrique. Juste me contacter lorsque vous serez prêt, j’ai déjà des clients!

70% plus polluant??? Il a été prouvé que mondialement, une voiture électrique représente 55% en moyenne de la pollution atmosphérique et terrestre d’un véhicule à essence si on calcule la manufacturation du véhicule, de la batterie et son utilisation, en incluant la production d’électricité ou d’essence. Au Québec, c’est 45% à cause de notre hydroélectricité. Allez visionner la vidéo ici pour vous rendre compte de tout ce qui vient avec l’utilisation d’une auto à combustion. L’organisme Visual Carbon de Barry Saxifrange évalue à 15 tonnes la production de CO2 d’une auto électrique ayant une batterie de 24kWh. Pour une voiture de 60kWh, qui peut parcourir au moins 425 km, la manufacturation du véhicule, de sa batterie et de son utilisation sur 320 000km est de 23 tonnes comparativement à 110 tonnes de CO2 en moyenne pour une voiture à combustion. La plus petite automobile est à 53 tonnes et la plus grosse à 164 tonnes. M. Saxifrange a même énoncé plus tard qu’il avait mal évalué la production des émissions provenant des hydrocarbures

Pour terminer, la voiture électrique n’est pas LA solution mais une des solutions importantes pour le développement durable. Affirmer le contraire, c’est être soit mal intentionné ou mal informé. Je n’ai jamais cru qu’un problème aussi profond méritait qu’une seule et unique solution!

Le philosophe et écrivain Umberto Eco a, un jour, dit ceci: « Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d’imbéciles qui avant ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. »

Qui est Jean-Marc Meyer? Un scientifique? Un dirigeant d’un organisme reconnu? Je n’ai rien trouvé sur internet mais, si je regarde son profil Facebook, il publie des textes ésotériques du genre que « l’homme est plus que sa capacité érectile et qu’il doit faire lien avec la puissance de son cœur » qui vient avec une image d’un gars tout nu avec une fleur à la place du pénis. Ça donne beaucoup de crédibilité dans une analyse énergétique!

Conseil: Peut-être se renseigner un peu plus avant de partager de telles choses la prochaine fois?

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